1 Juin 2016
Les Youtubeurs - bloggueurs - influenceurs c'est un peu comme les Top Model dans les années 90 ou les cheerleaders dans tous les films américains pour ado.
Qu'on le veuille ou non, on les idéalise et on fantasme un peu sur leur vie, moi la première. Vous n'imaginez pas le nombre de fois où je me transforme en une sorte de "belieber" plus ou moins pathologique par rapport à certaines bloggueuses que j'admire.
Par exemple, le jour où j'ai rencontré Whitney aka Naptural85 était assez comique ! J'étais traductrice de la conférence de Carol's Daughter à la Natural Hair Academy et la fondatrice Lisa Price avait fait venir 3 Youtubeuses partenaires de la marque. Et quand j'ai vu Whitney, j'ai juste buggué. Ahahah. J'avais devant moi la personne dont je suivait les aventures depuis 4 ou 5 ans. J'étais en présence d'une star ! J'avais salivé sur ses cheveux, sa peau, sa discipline de vie, etc pendant des heures et des heures sur Youtube. Et là elle était en vrai devant moi. J'ai fini par me ressaisir mais impossible d'avoir une longue conversation avec elle, j'étais trop en admiration. Et puis j'avais le sentiment de déjà la connaître.
Il y a des gens comme ça qu'on imagine parfaits. On sait qu'ils sont humains mais leur parcours et les moments de vie qu'ils partagent avec nous font qu'on se reconstitue dans nos petites têtes une existence qu'on s'imagine qu'ils vivent. Ca fait partie de la magie du rêve.
Pour certains ça sera juste des paillettes pour divertir, voyager un peu de monde en monde quand on passe de vidéo en vidéo sur Youtube ou de photos en photos sur Instagram.
Pour d'autres ce sera ce qu'on appelle l'Inspiration. On piochera des petits bouts qui nous ressemble et qu'on adaptera à nos envies propres, à notre vie tout court.
D'ailleurs, rien n'est figé, par moment on peut passer d'une attitude à l'autre, de spectateur passif à alchimiste.
Le problème c'est quand on confond réalité et fiction, quand on ne sait plus faire la part des choses. Un peu comme quand on regarde une série ou un film dont les héros sont en couple et qu'après dans la Vraie Vie on s'attend à ce que ça soit encore le cas. A tel point qu'on s'imagine des signes, des preuves qu'ils se fréquentent. Il faut à tout prix qu'ils correspondent à cette image que l'on avait d'eux, ce n'est pas possible autrement.
Sur une vidéo Youtube et encore plus sur une photo Insta, la personne a choisi de partager un instant T de sa vie, cela ne signifie pas qu'elle est toujours comme ça, que l'on doit exiger d'elle qu'elle soit immuable et fidèle à cela tout le temps et ce tout simplement parce que la vie ce n'est pas statique. Pour bon nombre de ces influenceurs, ceux qui ont vraiment des énormes communautés de "fans", publier une photo ou une vidéo tient de l'art (d'ailleurs certains le revendiquent carrément). Il faut le bon éclairage, être au top de soi, pour offrir une superbe expérience à ceux qui sont de l'autre côté, c'est-à-dire nous.
Aussi, il est ridicule - et même dangereux - de vouloir copier/coller et étirer 5 minutes d'une vidéo préparée et montée sur 24 heures de notre journée. Certains s'en rende malade et complexent à n'en plus finir parce qu'ils n'atteindront jamais cette vie parfaite 24h/24 et 7j/7.
Quand on est ado ou qu'on n'arrive pas bien à séparer la Vraie Vie de la vie online, on finit par se dire qu'on va "se donner les moyens de devenir cet idéal". Dans sa vidéo Bad Buzz, que ce soit sincère ou non, l'ancienne star d'Instagram Essena O'neil l'explique plutôt bien : à force de voir cette personne qui semble si parfaite et heureuse on veut devenir elle pour prouver à tout le monde qu'on le peut et l'image digitale devient devient le centre autour duquel tourne la vie offline. A tel point que l'on se perd soi-même.
Encore une fois le culte de l'apparence pollue l'être.
J'ai eu envie d'écrire ce post suite à une vidéo d'une Youtubeuse que je ne connaissais pas, que je vais vous mettre ci-dessous, que j'ai trouvée juste et simple à la fois.
Elle raconte qu'elle reçoit très souvent des commentaires de personnes qui lui disent qu'elles aimeraient être aussi parfaites qu'elle. Elle explique que ça lui fait plaisir mais qu'en même temps elle ressent une sorte de gêne : elle ne veut pas tromper les gens, l'image que l'on a d'elle sur Youtube, c'est juste la version d'elle qui s'amuse avec du makeup. Elle ne se cache pas derrière le maquillage mais il ne faut pas de mettre mal parce qu'on aimerait être... ce qu'elle n'est pas !
Ca me rappelle un post que j'avais fait sur la "polémique des boucles sur-représentées" sur le web. La comparaison est décidément la cryptonite de l'estime de soi, surtout quand notre échelle de valeur est défaillante, et il ne faut pas confondre inspiration et obsession maladive.
L'important c'est d'oser être soi. C'est la façon la plus simple d'apprendre à s'aimer.