9 Mars 2015
Une fois n'est pas coutume, c'est un billet quasiment sur le vif que je vous rédige aujourd'hui !
En effet pas plus tard qu'hier, 24 heures à peine avoir atterri de mon dernier voyage en Asie (promis je vous en parle très vite), j'ai eu l'immense privilège de participer aux Brown Sugar Days en tant qu'interprète-traductrice du Justin SIMIEN, le scénariste, réalisateur et producteur du film "Dear White People" qui sortira dans l'hexagone le 25 Mars prochain.
Ce fût une expérience extraordinaire et c'est ce qui me pousse à rédiger ce post.
Je dois d'abord vous dire qu'à la base je ne suis pas une grande amatrice de films afro-américains, tout simplement parce qu'on en voit très peu au cinéma en France ! J'ai une carte d'abonnement de cinéma, j'y vais assez régulièrement parce que j'adore l'ambiance feutrée des salles et l'excuse de pouvoir se goinfrer de popcorn (no comment), pourtant, il est rare d'y voir un film afro-américain. En général je ne les découvre que quand on me passe un DVD des mois voire des années plus tard.
Du coup, l'initiative de l'agence Ak-a d'organiser les premiers Brown Sugar Days de Paris pour voir ou revoir ces films mythiques de la culture afro-américaine a fait mouche. Pas moins de 2000 personnes, hommes et femmes, de tous les âges et de toutes les couleurs, ont répondu à l'appel des fauteuils douillets du cinéma le Grand Rex. Et comme ils font les choses bien : toutes ces personnes ont pu bénéficier d'ateliers beautés, d'une animation par un DJ et de nombreux goodies beautés et culinaires... et pour celles qui ont assisté à la projection du film Dear White People le matin, le réalisateur Justin SIMIEN s'est prêté avec entrain au jeux des questions-réponses !
Mais c'est quoi ce film dont je n'arrête pas de parler ? Je vous mets la bande annonce pour que vous puissiez situer le sujet.
Voilà donc le pitch : les mésaventures d'une minorité d'étudiants noirs au sein de leur fraternité qui se trouve sur le campus d'une université américaine composée principalement d'étudiants blancs.
Ca a l'air drôle au premier abord, surtout avec un titre aussi culotté, mais en fait, du propre aveu de Justin SIMIEN, le but est surtout de provoquer un malaise chez le spectateur. Lassé d'entendre que le racisme n'existe plus aux Etats-Unis depuis l'élection de Barack Obama, il a voulu mettre en lumière ce qu'il a lui-même en partie vécu à travers les déboires que vivent ses personnages dans du film. Il explique qu'en tant qu'étudiant noir, élevé dans un quartier noir d'Houston au Texas, on s'attend à ce qu'il ait un comportement stéréotypé. Qu'il parle mal l'anglais, qu'il s'habille d'une certaine façon, qu'il mange qu'un seul type de nourriture et n'écoute que certains styles de musiques. Les noirs le mettent dans une case, les blancs le mettent dans une case, les médias le mettent dans une case, mais il ne veut pas de case !
Je suis noir mais pas que, comme tous les êtres humains une seule de mes caractéristiques ne me définit pas.
Ce que j'ai le plus apprécié c'est le fait que Justin SIMIEN ait choisi le cadre de l'université car il le dit lui-même : c'est un miroir de la société. A la fac nous pensons qu'être adulte signifie avoir une vision claire de notre avenir, cela induit deux cas de figure la plupart du temps : soit on fonce sans se poser outre question sur nos motivations profondes, soit on erre quelques années avant d'être obligé de choisir un emploi pour payer les factures. Beaucoup plus rares sont les parcours brillants qui aboutissent sur des carrières épanouissantes contrairement à ce que l'on veut bien nous faire croire (et au grand dam des aspirations de nos parents).
L'université c'est probablement l'endroit où l'on trouve le plus de gens paumés. Nous ne savons pas ce que nous voulons vraiment et surtout QUI NOUS SOMMES AU FOND. Nous devenons alors la cible parfaite des "poseurs d'étiquettes". Et avec la fougue de la jeunesse nous pensons que cette étiquette nous représente à tout jamais et voilà. This is it.
Parfois même être rebelle n'est en réalité que choisir une autre étiquette.
A tout âge de la vie, mais surtout à l'aube de notre vie d'adulte, nous devrions tous nous offrir le luxe d'avoir une conversation avec nous-même pour prendre le temps de faire connaissance avec qui nous sommes vraiment. Parfois, à un moment T, la personne que l'on est au fond est bien différente de celle que nous étions ou que l'on pense être. Et probablement de celle que l'on sera plus tard.
C'est ce que j'ai aimé dans ce film, le fait que la couleur de peau de chacun soit un prétexte pour s'interroger sur sa propre identité. Justin SIMIEN a parfaitement réussi son coup : on ne sort pas d'un visionnage de son film sans avoir le cerveau en ébullition.
J'ai hâte de savoir ce que ce film aura provoqué en vous, n'hésitez pas à venir partager votre avis dans les commentaires.
+ de Love,
LM
EDIT : voici la vidéo officielle de l'événement, ça donne envie non ?